Quatre concepts philosophiques revisités

Quatre concepts philosophiques revisités

Après avoir vainement cherché l’objectif de la philosophie dans un article précédent, j’ai voulu comprendre ses concepts.

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Comme je n’y suis pas arrivé, je suis reparti d’une base simple pour y coller des réflexions de philosophes sur des schémas de MindMapping liés à quatre concepts. Explicitons ce qu’est un concept avant de philosopher.

Quatre concepts simples à comprendre

Un concept est un « mot » qui possède plusieurs occurrences, comme une boîte contenant des fiches. Par exemple :

  • Complexe est un concept car il possède les occurrences de Oedipe, Hamlet
  • Sentiment est un concept car il possède les occurrences de peur, tristesse.. et bien d’autres dont on ne voit pas ce qu’elles font dans cette boîte (abandon, appartenance…).
  • Foi n’est pas un concept, contrairement à croyance qui en est un (Je crois en Dieu), à moins que vous ne mettiez « Foi en toi », « Foi en moi », « Foi en l’Univers » comme fiches dans la boîte « Foi ».
  • Dieu est un concept si vous êtes polythéiste ; sinon, c’est une croyance. « Je crois en un seul Dieu ».
  • Raison n’est pas un concept car il ne contient aucune fiche à par moi.

M’appuyant sur les huit concepts de la psythérapie, j’en ai sélectionné quatre : besoins, émotions, événements et croyances pour appuyer mon discours sur les déclarations des philosophes.

Les besoins

Les besoins, essentiels à la vie, font partie de l’acronyme OSBD (Observation, Sentiment, Besoin et Demande) de la Communication NonViolente. Parmi les plus importants sont l’amour, l’apprentissage, la paix, la liberté. Au risque d’en décevoir beaucoup l’autorité et le goût de l’effort ne sont pas des besoins, juste des leurres affublés du nom de valeurs, que certains osent baptiser républicaines. Comme le disait Einstein :

Le respect irréfléchi de l’autorité est le plus grand ennemi de la vérité.

Chaque être sur terre possède son échelle des besoins. Pour l’un, la sécurité sera plus importante que l’amour, pour d’autres, c’est l’inverse. En philosophie, il semble que ce soit un combat constant où chaque philosophe assure la primauté de son besoin personnel en le prenant pour un besoin de tous. En groupe, l’important est de définir un objectif commun, non un besoin commun. Voici un premier schéma de besoins avec des réflexions de philosophes où chacun va mettre le sien en avant.

besoins

Quand Sartre dit « l’enfer, c’est les autres », d’une part, il met son besoin personnel de paix ou de paradis avant son besoin d’échange ou d’empathie, d’autre part, il rend autrui rend responsable de son enfer personnel. Pas très sympa pour Simone de Beauvoir ou Boris Vian.

Et quand la CNV donne comme origine de la demande la satisfaction des besoins, les philosophes répondent que ce sont les passions, les pulsions ou Dieu.

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Sont-ce des besoins ou des sentiments ?

Les émotions et les sensations

Les sensations touchent le corps et comprennent les émotions, qui peuvent être regroupées en quatre : joie, colère, peur et tristesse et d’autres plus larges telles que : la faim, la soif, la chaleur, le froid... « Sentiments » ne veut plus rien dire, bien que ce soit le terme repris par la CNV dans l’acronyme OSBD. Voici donc un schéma sur les sensations philosophiques :

sensations

Les thérapies cognitives précisent que les émotions viennent des pensées, tandis que la CNV suppose qu’elles viennent des besoins. La CNV distingue aussi vrais sentiments des faux ou des pseudos, qui avancent masqués et qui sont des évaluations déguisées sur autrui ou sur soi. Voici donc un deuxième schéma sur les pseudos sentiments vus par les philosophes :

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Vous avez compris Nietzsche ? Ou Rousseau ? Qui n’eut pas de pitié pour ses enfants qu’il laissa à l’assistance publique ?

Les événements de la vie et la mort

Pas grand chose à se mettre sous la dent comme réflexion philosophique sur les événements de la vie, les philosophes étant peu portés sur l’observation, qu’ils renomment phénoménologie. A part Bouddha qui nie l’existence de la naissance, de la mort et de l’âme, j’en ai trouvé deux :

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Passons aux croyances, temple de la philosophie.

De la morale sans observation

C’est ici que l’on s’amuse le plus, car la philosophie n’est que croyance ou réflexion sur les croyances. Impossible de trouver un fait réfutant les pensées philosophiques.

La morale sous-entend la notion de foi, de bien et de mal, de qualités et de défaut. L’observation, première démarche de la CNV, est bien éloignée de la philosophie qui pose ses croyances sur la vérité ou la morale, quand ce n’est pas les deux avec Pascal qui déclare « la vraie morale se moque de la morale. » Passons en revue les jugements, dont ceux sur soi, les qualités et les défauts.

Les jugements premiers et derniers

Nous abordons le domaine de la dialectique, celui du bien et du mal, de la foi ou de la justice, tout ce qu’il faut pour persécuter autrui avec bonne conscience. Comme tu as péché, tu dois expier… Comme le dit Ronald Laing « Comment ose-tu être heureux alors que Jésus s’est sacrifié pour toi ? »

dialectique

Toujours pas de notion de besoin…

Les qualités et les défauts

Il semble aussi que les philosophes se soient bien étendus sur le sujet, les hommes sont des méchants, orgueilleux, de mauvaise foi qui mentent quand ils ne sont pas passifs….

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Y a t il une déclaration avec laquelle vous soyez d’accord ? Aucune pour moi. Heureusement qu’ils ne connaissaient pas les manipulateurs, les pervers narcissiques, les schizophrènes…

Observation et jugement, perception et pensée

Nous retrouvons deux éléments de nos trois niveaux : observation et pensée, correspondant au corps et à l’esprit, qui ont fait couler beaucoup d’encre.

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Comme le dit Bachelard, « L’opinion est un obstacle à la connaissance ». La dernière étant naturellement à tuer selon Nietzsche.

Pour aller plus loin

Des livres pratiques et non philosophiques :

Un interview de Jean Bricmon, auteur d’Impostures intellectuelles.

Si vous avez des remarques, laissez moi un commentaire.

Du non-objectif de la philosophie

Du non-objectif de la philosophie

Après avoir explicité les 3 niveaux « âme, esprit, et corps » dans un article précédent, explicitons les écrits des philosophes à partir de cette grille et de leurs croyances non-spirituelles.

Philosophes de l'âme

Nous parcourons les pensées de 4 philosophes grecs polythéistes, de 3 chrétiens monothéistes et de 7 « post-chrétiens » plutôt athées.

Quatre philosophes polythéistes

Chez les grecs, quand une personne gagne ou perd à la guerre, cela vient de son Dieu, plus fort ou moins fort que celui d’en face. La question principale est la polémique artificielle entre les niveaux « corps » et « esprit » ou « Sensation » et « Croyance ». Voici les réflexions de 4 philosophes célèbres :

Les philosophes grecs

  • Pour Socrate « connais-toi toi-même » car « La réponse est en toi ». Bref, la connaissance est totalement niée, ce n’est qu’une question de croyances et de jugement sur soi.
  • De même pour Platon, pour qui « tout est idée » et qui croit aussi en l’âme et la réincarnation. « Le corps est le tombeau de l’âme ».
  • Avec Aristote vient la polémique entre ce qui est le plus important, l’idée ou l’expérience. Notons qu’Aristote s’est trompé sur la gravité, pensant qu’un corps plus lourd tombe plus vite qu’un corps plus léger.
  • Enfin, Épicure semble mettre un peu de bon sens en déclarant que les dieux ne sont pas à craindre et qu’il existe un lien entre les idées et l’expérience.

Ce qui ne sera plus la même tendance avec l’arrivée du Dieu de Moïse ou de Jésus, le début de la peur de Dieu.

Trois philosophes chrétiens

Avec les philosophes chrétiens vient le monothéisme, le bien et le mal, et un grand écart entre connaissance et croyances religieuses.

  • Je réfléchis (donc je suis) et je dois accepter que Moïse et Jésus ont accompli des miracles, qu’il existe un homme sur terre qui n’a pas eu de papa et qui a ressuscité ? Comment faire ?
  • Si Dieu est tout puissant, où est mon libre arbitre ? Surtout si le péché originel, le bien, le mal et le jugement dernier existent.

Voici les réponses de quelques philosophes chrétiens, adeptes du grand écart entre le monde réel et le monde mythique.

Les philosophes chrétiens

  • Pascal fait un pari. C’est simple et cela n’engage à rien. Je fais le pari que le Dieu chrétien existe.
  • Pour Saint Augustin il suffit de croire pour  comprendre et « Dieu est l’ultime juge de nos péchés« . Si c’était aussi simple…
  • Pour Descartes, Dieu est l’infini : « J’ai en quelque  façon premièrement en moi la notion de l’infini, que du fini, c’est-à-dire de Dieu, que de moi-même« .

Sept philosophes post chrétienté

Comme le Dieu chrétien est remis en question, les philosophes suivants rejettent toute spiritualité… et joie de vivre. Le monde devient alors pessimiste et sans espoir.

Le cas Spinoza

Spinoza est, à mon avis, le premier à avoir remis en cause le dogme de la Bible à ses dépens et de ses miracles en disant « il n’existe ni bien, ni mal dans la Nature« . Il insiste aussi sur les sensations et le corps en déclarant « le désir est l’essence de l’homme« . Exclu de la communauté juive, il devint polisseur de verres et ses œuvres ont été jugées blasphématoires.

Les philosophes postchretiens

Annoncer la catastrophe

Les philosophes ont alors philosophé sur les sensations, les croyances et « Dieu », en étant de plus en plus pessimistes. Comme le dit HG Wells : « L’histoire est une course entre l’éducation et la catastrophe ».

  • Kant pose des questions sans apporter de réponses. Pour lui, il est beau et digne de savoir ou de croire, mais pas de mélanger les deux.
  • Hegel déclare « ce qui est rationnel est réel« . Il confond donc expérience et connaissance.
  • Kierkegaard est tout aussi optimiste « Exister, c’est éprouver l’angoisse« .
  • Nietzsche passe tout au Karcher, « Dieu est mort », « la science est à détruire » et « notre existence est tragique« . Atteint de la syphilis, il est devenu fou et s’est suicidé.
  • Freud n’est pas plus pacifique et optimiste. Pour lui, « nos pulsions sont destructrices » et le fils veut tuer le père. Atteint d’un cancer de la mâchoire, il continuera à fumer le cigare.
  • Et pour son disciple Sartre, « l’enfer, c’est les autres« .

Bref, passons à la question essentielle, quel est l’objectif de la philosophie ? En tout cas, pas à se sentir mieux.

A quoi sert donc la philosophie ?

Nous voyons que la confusion règne dans l’esprit des philosophes à propos de chaque niveau de réflexion, « âme, esprit et corps ».

Différencier religion et spiritualité

La spiritualité, croyance en un au-delà bienveillant, sans bien ni mal, et en une connexion bénéfique entre les êtres, n’a rien à voir avec un Dieu tout-puissant vengeur qui se place au-dessus des hommes, qu’il faut adorer avant de s’occuper de son prochain. La philosophie ne peut aider à être en paix avec autrui car elle n’est ni personnelle, ni spirituelle.

Différencier croyance et connaissance

Aristote parlait de la gravité, Galilée a fait l’expérience. La philosophie est, avant tout, un ensemble de croyances à propos de tout et de rien, de réflexion sur la réflexion. Elle ne fait pas avancer la science, tout comme une quelconque religion. Comme le conseille Colin Campbell, posez-vous trois questions pour évaluer une allégation :

  • Est-ce vrai ?
  • Est-ce toute la vérité ?
  • Est-ce important ?

Vous pouvez faire de même pour toutes ces assertions. Lire l’interview de Jean Bricmont, auteur d’Imposture intellectuelles.

Différencier émotion et intuition ou phénomène

La philosophie confond émotion (appelé aussi désir ou passion) et intuition, c’est à dire un phénomène de la nature sur lequel il est possible de s’appuyer comme dans le cas du pendule intérieur. Elle parle de philosophie sans jamais donner d’exemples. Elle n’aide pas à être en paix avec son passé car elle n’a aucune réflexion sur l’origine des émotions (pensée ou besoin) et ne s’appuie sur aucun phénomène physique tel que l’EMDR pour aller mieux.

En conclusion

Ainsi, la philosophie reste dans le domaine de théories sans aucun aspect pratique. Elle est inutile pour être en paix avec sa mort, ne fait pas avancer la science et n’aide pas à se sentir mieux dans son corps. A mon avis, elle sert uniquement à se sentir en vie en discutant du sexe des anges, à prouver que l’on existe au vu et à la lecture d’autrui. Elle est dialectique et non phénoménologique, c’est-à dire considère a priori qu’il y a un pour et un contre. Êtes-vous pour ou contre la gravité ? Pour ou contre le champ magnétique ? Ces questions n’ont aucun sens ; il suffit de faire l’expérience, d’étudier le phénomène et non de passer des heures à réfléchir dessus.

Dans un prochain article, j’aborderais les concepts abordés par la philosophie.

Pour aller plus loin


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Le corps, l’esprit et l’âme

Le corps, l’esprit et l’âme

Quel est l’objectif de la philosophie ? Comme tout bon picologue spirituel, je privilégie la triple approche corps, esprit et âme.

Corps, âme et espritVoici donc un premier article sur ces trois entités. Je citerai ensuite le point de vue de philosophes.

Le corps

Le corps est le siège de l’expérience et des émotions via son cerveau limbique. Il fait l’expérience d’être terrestre, qui nait et qui meurt.

L’esprit

L’esprit est le monde des idées, notre capacité pensante, notre néocortex, ce que certains appellent le cerveau gauche. Il permet de planifier, de visualiser, d’anticiper, de faire des provisions pour l’hiver. Il est doué de raison mais ne peut exister sans le corps. Il fait la différence entre le soi et autrui, contrairement à certains autistes. A mon avis, il meurt aussi un jour et il peut avoir peur de mourir. Il peut aussi avoir à tendance à tourner en boucle, à privilégier les raisonnements par association plutôt que de calculer sainement.

L’âme

L’âme est le monde « spirituel » de connexion avec un plus grand que soi. Nous entrons ici dans le monde des croyances spirituelles. Je ne crois ni au Paradis, ni en l’enfer ni en la citation de Dante.

Vous qui entrez, laissez toute espérance.

Je partage les croyances de Neale Donald Walsh et Bert Hellinger. Je crois en la réincarnation, que l’âme va de corps en corps pour apprendre qui elle est.

  • Pour Neale Walsh, le corps est le présent, l’esprit le passé et l’âme l’avenir.
  • Pour Bert Hellinger, l’âme prend soin du corps et a la nostalgie de la mort.

Le chemin de l’âme

Vous avez en en-tête un dessin représentant ces 3 entités. L’âme entoure le corps et l’esprit. Au début de votre chemin, les 3 entités peuvent être ainsi, quand l’esprit est éloigné du corps.

âme, corps esprit 2

Puis, l’esprit peut s’en rapprocher en suivant son intuition.

Quand vous vous occupez de votre corps, votre âme se réjouit.

Ainsi, l’esprit se rapproche de son âme.

Pour aller plus loin

Sur le corps

Deux livres faisant un lien entre les maladies du corps et les croyances associées.

Sur l’esprit

Deux livres et une vidéo sur le fonctionnement de l’esprit.


Jill Bolte Taylor, sous-titre français par postatheisme

Sur l’âme

Quelques livres sur l’âme ou la spiritualité :


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